Portrait Mouv’Outremer – Océan Indien : Martine Nourry, citoyenne engagée pour co-construire des chemins de résilience et de transition(s)
40 porteurs de projets très prometteurs et à impacts visant à accélérer les transitions vers des territoires durables, sur des thématiques très variées répondant aux besoins des territoires, ont été sélectionnés dans le cadre de l’appel à candidatures lancé par l’AFD et le Ministère des Outre-mer en zoneOcéan Indien. Nous vous présentons l’un de ces porteurs de projets: Martine Nourry, citoyenne engagée pour co-construire des chemins de résilience et de transition(s)
Qui êtes-vous ?
Je suis une équilibriste ! Dans tout ce que je fais, j’essaye de contribuer à une société un peu plus juste et équitable. Fille d’agriculteur, j’ai fait des études à Sciences-Po Paris puis j’ai travaillé au Tchad et au Burkina Faso puis à La Réunion en collectivités territoriales, et ensuite dans la fonction publique à l’Éducation nationale. Depuis 2018 et le mouvement des Gilets Jaunes, je suis très impliquée dans la dynamique citoyenne à La Réunion. Mon moteur, c’est de chercher des outils et des espaces où l’on peut faire bouger la société pour que chacun puisse y trouver sa part et sa place. Tout ça bien sûr en lien avec l’écologie, parce que j’ai la conviction que c’est ancré sur nos territoires et dans ce qu’on est. Il est important que l’on aille se connecter à ce qu’on appelle ici notre gayar, notre potentiel, notre talent unique.
Quel projet portez-vous dans le cadre de Mouv’outremer ?
C’est justement le projet Nout Gayar ! Avec l’association Kpab6T on intervient dans l’Est de l’île auprès des personnes qui vivent dans des quartiers prioritaires de la ville de Saint Benoit et en zone rurale pour les aider à se connecter à leur potentiel. On a créé des programmes femmes, jeunes et enfants qui ont tous une base commune de coaching : comment je me connecte à qui je suis, comment je prends conscience de l’écosystème dans lequel j’évolue, et comment je me donne des outils pour y évoluer de manière plus optimale.
Qu’est-ce que Mouv’outremer vous a apporté ?
Le plus intéressant, c’était la rencontre avec les coapprenants. C’est toujours réjouissant de constater qu’il y a de la dynamique et de l’énergie sur l’île, qu’on peut créer des synergies et s’inscrire dans un réseau d’acteurs. Ce qui était vraiment chouette aussi, c’est qu’on soit avec Mayotte. Il y a quelque chose de super intéressant qui a émergé : de belles rencontres et de belles coopérations. Et encore plus parce que les outils qui nous ont été transmis lors de la form’action sont efficaces et impactants.
À titre individuel, comme je fais les choses de manière assez instinctive et intuitive, c’était important d’avoir cette opportunité de partager. Ça permet de poser ce qu’on a dans la tête, ce qu’on sait faire et qui est évident pour nous. L’obligation de l’expliciter et de le partager, ça donne plus d’ampleur au projet.
Un mot pour qualifier la form’action Mouv’outremer ?
Inspirant.
Quel est votre rôle au sein de la communauté ?
Je suis référente communauté et référente événement. Avec Patrick Ouriaghli et Ashvine Severin, qui sont également référents communauté, on se questionne sur comment on peut faire de cette communauté virtuelle une vraie plus-value au quotidien.
Malheureusement, avec la crise sanitaire, on n’a pas eu de possibilité de se réunir. On a un groupe WhatsApp. Il y a des échanges, il y a des mises en relation, il y a des partages d’informations. Et au niveau des microrégions de l’île, plusieurs Mouvers se rencontrent régulièrement parce qu’ils sont dans les mêmes zones géographiques. Mais on ressent vraiment le besoin de se voir, de passer du temps tous ensemble. Avec l’AFD nous préparons la remise de diplômes officielle et la présentation de Mouv’outremer aux institutions et collectivités de La Réunion. Ça va être un moment important, très attendu par la communauté. Ensuite, on aimerait organiser un forum qui réunirait tous les Mouvers et serait ouvert à d’autres acteurs.
Quelle place pour la communauté Mouv’outremer dans le réseau d’acteurs de l’île ?
La communauté a vraiment sa place dans l’écosystème réunionnais. L’approche Mouv’outremer est intéressante parce qu’elle n’est pas clivante. C’est une vision systémique de ce qu’on peut faire pour relever les cinq défis : zéro carbone, zéro déchet, zéro polluant, zéro exclusion, zéro vulnérabilité. Être accompagné par l’AFD est un atout pour faire bouger les choses, et les outils peuvent être partagés avec d’autres communautés qui font déjà beaucoup pour la transition de notre territoire.
Rencontrez-vous des difficultés ?
Nous sommes très attentifs à la question de la légitimité : quelle légitimité, nous, les Mouvers, avons-nous par rapport aux autres acteurs qui sont porteurs de cette dynamique et de ces enjeux ? Comment s’inscrire dans le paysage sans créer de conflit ? Nous sommes conscients que pour tou-te-s celles et ceux qui sont investi-es dans le champ des transitions, c’est un vrai sacerdoce, à la force du poignet. Voir débarquer une communauté d’acteurs soutenus par l’AFD et le ministère des Outre-mer, ça peut créer des frustrations. Il faut vraiment qu’on réussisse à rassurer l’ensemble des acteurs en expliquant qu’on ne va pas prendre la place, et que les portes qu’on va pouvoir ouvrir, on va le faire avec les autres et pour les autres. Créer des synergies, partager, faire passer les messages dans les réunions officielles pour que ça profite à tout le monde. Nous travaillons tous avec le même objectif : la transition et la durabilité de nos espaces insulaires.
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