Témoignage : Isabelle Lise
Qui êtes-vous ?
Moi, c’est Isabelle et j’ai 36 ans. Plus jeune, je voulais être chimiste et, après le baccalauréat en Martinique, j’ai intégré une école d’ingénieur, l’ESCOM à Cergy-Pontoise. C’est au cours d’un stage, que j’ai pris conscience des problèmes environnementaux. Après avoir décroché un Master dans ce domaine et travaillé à Lyon, je suis revenue en Martinique et ça fait maintenant 8 ans que je travaille à la Chambre de Commerce et de Industrie de Martinique où je pilote le Pôle Environnement, Transition Energétique et Développement Durable.
Quel est votre projet lié à la transition ?
Le projet que je porte au sein de la formation est lié à la gestion des risques naturels en entreprise. En effet, aujourd’hui, le monde économique n’est pas suffisamment résilient.. En Martinique, nous sommes concernés par tous les risques naturels sauf les avalanches : tsunami, volcanisme, séisme, glissement de terrain, cyclone… Je me suis rendue compte que les entreprises ne sont pas préparées à ce genre de catastrophe, que c’est un sujet très anxiogène et que l’approche “sensibilisation classique” ne fonctionne pas vraiment, la thématique n’étant pas considérée comme une priorité. J’ai donc décidé de proposer une approche ludique du risque naturel en entreprise, en détournant la forme des challenges sportifs classiques. Ce seront des défis inter-entreprises. Le projet a été présenté à la direction de la CCI qui l’a validé. Je suis en train de rechercher des partenaires pour finaliser le dossier et trouver des financements.
Quels défis rencontrez-vous dans la création de ce projet ?
Il y en a plusieurs :
-Je n’ai pas d’expérience en organisation de challenges sportifs, je cherche des partenaires avec cette expertise.
-J’ai imaginé des challenges de plusieurs types, mais il nous faut des formateurs dans chacune des thématiques (premiers secours, aide aux handicapés, l’alimentation en temps de crise, etc.)
-La taille de l’événement : je n’ai jamais organisé d’événement aussi grand. En particulier, la partie logistique pour que l’on puisse accueillir à la fois des entreprises et du grand public est un vrai défi. J’aimerais que cet événement touche l’ensemble du territoire et sensibilise tous types de publics.
Quelles sont les opportunités que vous avez identifiées et qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer ?
A mon avis, il y a urgence par rapport au changement climatique. Le rythme des cyclones va augmenter, il y a déjà de l’érosion dans le nord de l’île… Cependant, je pense que dramatiser le risque est contreproductif : j’aimerais que la résilience fasse partie du quotidien des Martiniquais, qu’on soit serein car préparé. Enfin, je suis convaincue qu’on apprend mieux par le jeu et dans l’action.
Une rencontre qui vous a marquée pendant le séminaire ?
J’ai été très marquée par la visite dans la ville de Fonds-Saint-Denis où nous avons rencontré le premier adjoint de la commune. Il nous a parlé du Lasotè, une pratique traditionnelle du labours collectif, un patrimoine traditionnel martiniquais que j’ai redécouvert ce jour-là. Il nous a montré par cette technique comment le collectif permet d’être résilient. Les populations antillaises ont toujours été en perpétuel déséquilibre de par leur histoire, leur géographie, etc. C’est une population qui a développé une forme d’adaptation face à ça et le Lasotè en est une belle illustration.
Un apprentissage ?
Pendant le séminaire, Maud et Aurélie, les facilitatrices, nous ont soumis à un test psychologique, le MBTI, qui m’a permis de découvrir des aspects de ma personnalité dont je n’avais pas conscience. Ça permet de mettre des mots sur des décisions et des processus de travail. Par exemple, moi je réfléchis avant d’agir et d’autres agissent avant de réfléchir. C’est juste une manière différente d’aborder les situations.
Mon projet a évolué aussi. Dans sa version initiale j’envisageais un challenge très sportif où la « survie » était en jeu. Un peu comme dans Koh Lanta. Je n’avais pas assez intégré les personnes à faible mobilité physique et elles auraient eu plus de mal à s’adapter. J’ai donc eu envie de rajouter une épreuve en lien avec cette thématique.
On a aussi beaucoup échangé avec des personnes ayant des projets en lien avec l’autonomie alimentaire et ça m’a convaincue d’inclure un volet “alimentation de crise”. Une façon de rajouter de la transversalité par rapport aux objectifs 5.0.
4 choses que vous retenez jusqu’à présent du programme Mouv’Outremer
-La réussite d’un projet, c’est d’abord la personne qui porte le projet, celle qui réussit à embarquer les autres en partageant une vision. J’ai une approche plus pragmatique, je ne vais pas souvent sur le terrain de l’émotionnel. Mais j’ai réalisé que c’était très important !
-Il y avait plus de 35 personnes motivées à changer le monde, pleines d’espoirs et d’envies. Dans mon quotidien professionnel, j’ai le sentiment que la situation n’évolue pas assez vite et j’ai souvent l’impression que mes interlocuteurs n’ont pas toujours conscience de l’urgence. C’était très positif de me sentir appartenir à une communauté de personnes qui veulent que les choses bougent, et bougent maintenant !
-L’énergie et la cohésion d’équipe sont apparues très vite et très fortes. J’ai déjà fait plusieurs formations, de différents types, et je pense que c’est la première fois que je vois le lien se créer aussi vite. C’était très énergisant ! Je pense que c’est lié à l’énergie de Maud et Aurélie. Elles nous ont communiqué leur enthousiasme ! On était obligé de reconnaître leur engagement et de jouer le jeu à notre tour !
-La méthodologie est très intéressante, avec des groupes qui se mélangent souvent. Je ne suis pas très expansive mais j’ai été obligée de parler à plein de nouveaux interlocuteurs. Je n’ai jamais parlé à autant de nouvelles personnes en aussi peu de temps (rires).
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